Prenom Prenom Nom.
jj . mm . aa
Ville ( pays ).
( défunts ) jj . mm . aa ♦ cause.
Quartier résidentiel pour les habitants, hôtel pour les autres.
Expliquez, en quelques mots, ce que vous faites de vos journées ; quel est votre niveau scolaire, votre petit boulot s'il y a ( lycéens ) ; votre métier.

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( habitants, défunts, journalistes, chasseurs, touristes )
( hors habitants et défunts ) raison de votre venue au village, premières impressions.
( défunts uniquement ) votre comportement vis-à-vis des vivants, de vous-même.

Il n’est qu’un regard. Un regard qui se ferme. Qui s’ouvre. Il se ferme longtemps, lentement. Il s’ouvre. Pour mieux se refermer. Il s’ouvre ! Il se ferme. Avec douceur. Ses longs cils caressent ses pommettes hautes. Ils frémissent, tressautent. Ils papillonnent. Il souffre. Il s’ouvre. Il vous regarde. Il vous sourit. Il est beau. Il se referme. Il disparaît. Il est mort. Mais toujours là.

Il humidifie ses lèvres. Mais sa langue est sèche, râpeuse. Ses lèvres sont toujours aussi sèches. Elles sont rouges et rondes. Comme une grenade. Il est un fruit. Aimez-vous les fruits ? Ceux gorgés de soleil. Ceux qu’on mord goulûment, a la chair épaisse, à la pulpe qui éclate sous la molaire. Aimerez-vous l’embrasser ? Certes sa peau est froide. Mais elle est douce. Elle est blanche. Elle sent un peu le sel. Il est la mer. Avec ses cheveux éparpillés par le vent du large, son nez triangle comme une voile, sa bouche… L’antre d’une sirène. Il baille sans son, dévoile ses dents imparfaites. Ses yeux s’ouvrent, il s’excuse. Qu’il est monde chanceux, aux eaux si calmes pour la toile des nefs, peuplé de sirènes et au ciel qui brille de deux soleils. Deux soleils bruns, étoilés de mille petites lumières lentes et austères. Ils s’éteignent. Son faciès toujours rayonne. Il n’a pas besoin de soleils ou d’étoiles. Il est un dieu. Il est l’univers. Son univers. Ses bras, longs, parcourus de veines et de discrets naevi s’étendent d’un cosmos à un autre. Ils sont gigantesques, il est gargantuesque. Avec une voix douce comme on imagine celle d’un sage. Il parle lentement. Clairement. Tout bas. Toujours. Ses yeux s’ouvrent. Il contemple votre monde. Il les referme. Il retourne dans le sien. C’est tout noir. Rien n’y filtre, la matière est trop épaisse. Ses paupières sont la rupture. Ses oreilles ne laissent filtrer que le clapotis de flots lointains. Le flot de votre temps. Il vous écoute. Vous le regardez. Il n’est qu’un homme. C’est ce que vous pensez. Un peu plus petit que votre moyenne. Il fait exactement un mètre soixante-seize.

Sur son faciès il porte l’empreinte de ses gènes – entre l’Angleterre et l’Inde. C’est beau. Il a cette arcade droite et prononcée coupée par un nez long, bossu. Il ne vous regarde pas, mais vous savez qu’il a les plus belles mirettes de l’Enfer. C’est un tigre. Un serpent. Un caïman. Un homme sans humanité. Vous n’arrivez pas à le voir en tant qu’humain. Homme et humain sont deux choses différentes. Vous l’avez compris parce que vous l’avez croisé. Il vous regarde. Brièvement. Il a des cernes. Cela accentue ses joues creuses. Cela accentue ses prunelles marécageuses. Vous pataugez. Il n’exprime rien. C’est comme chercher à lire de l’amour, de la joie ou de la pitié dans le regard d’un tigre. D’un serpent. D’un caïman. Et c’est parce qu’il n’exprime rien que vous le regardez. Que vous le cherchez. Il est plus facile de croiser la rétine d’un tigre, d’un serpent ou d’un caïman que celle d’un humain. C’est étrange. Il ne vous reflète pas. Il n’est pas vous. Il ne vous comprend pas. Alors vous vous permettez tout. Parce qu’il ne comprend pas. Le mal, le bien. Le mal surtout. Vous avez accroché son regard. Il regarde le votre. Sans trop y faire attention. Vous n’êtes pas de son monde. Vous ne lui faites pas mal, vous ne l’intriguez pas. Il vous connaît, sans rien savoir de vous. Que vous existiez quelque part lui suffit. Il ne vous regarde plus. Il se clôt. Vous coulez sur son torse. Vous profitez de cette intimité –entre vous et lui pour aller plus loin que vous n’irez avec n’importe quel autre. Parce que vous ne le connaissez pas. On ne peut pas connaître ce qui n’existe pas.