Rebecca ressent plusieurs sentiments opposés. L'indifférence, premièrement, la crainte, l'horreur, ensuite. En effet, elle tremble à l'idée de voir ressurgir quelques fantômes du passé...
Rebecca est là depuis sa naissance, du moins presque. Sa famille s'est installé à Rye lorsqu'elle avait quelques mois. Étant une des deux dernières héritière des Stone, elle vit aujourd'hui avec sa soeur, ses parents ayant mystérieusement disparu il y'a quelques années.

Être candide au cœur de pierre, n'émane d'elle qu'une horrifiante innocence, une abjecte douceur, une naïveté impure. Rebecca n'est qu'un frustrant paradoxe. Comment autant de noirceur peut se dissimuler sous ces traits empreints de pureté ? Car oui, inutile de se voiler la face, pullulent dans l'esprit de Rebecca idées noires et plans tordus. Vous ne saurez jamais ce qu'elle pense, car elle ne parle jamais d'elle - ou alors, rarement, et ne donne jamais son avis. Peu de choses l'intéressent réellement, et elle voit beaucoup de superficialité et d'inutilité un peu partout. Elle est complexe, tellement complexe qu'elle ne se comprend probablement pas elle-même. Brillante, ingénieuse, maligne et tordue, Rebecca est toujours en réflexion. En conflit psychologique constant avec elle-même, elle ne s'arrête pas de penser, ne serait-ce qu'une seule seconde. Nostalgique, elle se laisse souvent torturer par ses souvenirs, emplie de regrets et de doutes. Hélas, il y'a longtemps qu'elle a cessé de discerner le bien du mal... Elle déteste qu'on s'aperçoive de ses faiblesses, et ne laisse ainsi aucune issue à ceux qui l'entourent. Elle ne saurait pas comment réagir si l'on s'apercevait de ses faiblesses. Elle est très solitaire, et se laisse donc difficilement approcher. Rebecca possède une part d'ombre, qui la rend très mystérieuse aux yeux des autres. Secrète, qui sait ce qu'elle cache vraiment ? Personne ne la connaît. Personne ne sait qui est Rebecca Stone. Pas même elle-même...

Rebecca possède un visage pâle à l'extrême, parfaitement encadré par une sombre chevelure brune, du moins la plupart du temps - en effet il lui arrive régulièrement de se teindre en rousse. Son regard, tantôt pétillant de malice, tantôt empli de folie, est semblable à l'océan, abyssal et impénétrable. Ses lèvres fines et légèrement pulpeuses, se fendent souvent d'un sourire mauvais, laissant sur le visage de la jeune femme comme un air hautain. Elle se maquille très peu, se contentant d'un trait de crayon pour accentuer la profondeur de ses yeux, et d'une légère couche de rouge à lèvres qui contraste à merveille avec son teint crayeux. Toujours élégante, Rebecca se vêtit de vêtements chics et hors de prix, et affectionne les couleurs froides. Extraordinairement mince, la demoiselle peut se permettre d'enfiler tout et n'importe quoi. Souvent perchée sur de hauts talons, elle se déplace avec grâce et délicatesse, ses longues jambes fines lui octroyant une démarche sensuelle, et quelque peu féline. Rebecca est en quelque sorte ce qu'on pourrait qualifier de beauté froide. Indifférente, arrogante jusque dans son apparence, malgré ce physique d'ingénue.

"J'ai peur. Je sens cette chose grandir en moi, je la sens prendre le dessus. Elle me terrifie. Je ne sais pas ce que c'est, mais j'ai conscience que je suis en train de changer. Je suis en train de devenir quelqu'un que je ne connais pas. Il faut que je me batte, peu importe les conséquences, je ne peux pas laisser la situation s'empirer. Je ne veux pas sombrer, je ne veux pas céder à ces démons qui m'hurlent constamment de les suivre. Je les vois, ils m'appellent, me supplient, et j'ai de plus en plus de mal à les éloigner de moi. Ils sont là, ils ne me quittent jamais. J'entends leurs voix dans ma tête. Ils m'ordonnent de m'exécuter. Je voudrais crever. Rien n'est comparable à ce que j'endure chaque jour. Je ne suis plus maître de moi-même..."


Elle tournoyait autour de sa victime, un sourire machiavélique fissurant son visage angélique. Ses longs cheveux noirs virevoltaient au gré du vent et, suivant la violence de la tempête, venaient fouetter ses pommettes. La neige qui tombait en légers flocons donnait à la scène un côté chaotique. Le temps semblait s'être arrêté, et la jeune femme poursuivait sa danse macabre. Elle observait le jeune homme étendu sur le sol, le regard allumé par l'excitation. Il agonisait. Son visage était tellement mutilé, que même les membres de sa famille auraient été probablement incapables de le reconnaître. Plusieurs profondes plaies entaillaient ses jambes, ses bras, et le sang écarlate qui s'en écoulait contrastait avec horreur avec la neige scintillante qui recouvrait le sol.
Soudainement, comme prise de frénésie, certainement emportée par sa folie meurtrière, Rebecca se jeta sauvagement sur la dépouille inerte du martyr, et martela sa poitrine de coups de poignard. Il cracha du sang, et ses yeux se révulsèrent quelques secondes. Il lâcha son dernier souffle, avant de s'éteindre, à jamais. Rebecca le toisa, le regard mauvais. Elle cessa tout mouvement un court instant, comme si elle réfléchissait à ce qu'elle s'apprêtait à faire. Finalement, elle sourit, satisfaite, et sortit une paire de gants de sa poche. Des gants noirs en velours, qu'elle enfila d'un mouvement rapide. Elle entreprit de nettoyer les lieux, et c'est ainsi que, méticuleuse, à peine deux heures plus tard, la scène avait été balayée de toute trace suspecte. Gracieuse, elle se releva d'un bond, et fourra les fameux gants dans sa poche. Et alors, elle fit volte-face, contourna à l'angle, s'enfonçant dans la neige, avant de disparaître telle une ombre fugace dans la nuit. Le diable lui-même était passé par-là ce soir...


Rebecca sursauta brusquement. Suante, elle se leva du lit, et manqua de trébucher sur un des pans du drap en soie qui pendait sur le sol.
<< Encore un putain de cauchemar, lâcha-t-elle, sur les nerfs. >>
Elle soupira, avant de porter une main à son front. Elle était fiévreuse. Elle avança dans le noir, jusqu'à la salle de bain, en si mauvais état qu'elle avait l'impression de s'apprêter à vomir ses tripes. Elle chercha l'interrupteur, tâtonnant le mur carrelé et s'avança vers le grand miroir de la pièce. Elle observa son reflet quelques instants, une mine de dégoût affichée sur le visage. Elle était blafarde. Plus que d'habitude. Des cernes violets soulignaient ses yeux, et ses joues étaient creuses. Sa chevelure devenue terne cascadait pitoyablement sur ses épaules. Lassée, Rebecca se déshabilla, jetant ses vêtements sur le sol sans à peine s'en soucier, et s'introduit dans la baignoire. Elle enclencha la douche et brandit le pommeau au dessus de sa tête. L'eau dégringola sur son corps nu, incendier chaque centimètre carré de sa peau, mais elle ne s'en souciait pas. Elle voulait laver ce corps souillé, laissé à l'abandon depuis trop longtemps. Elle s'enfonça dans ses pensées, songeant à ces cauchemars terrifiants qui venaient la chercher dans son sommeil, perturbant ses nuits. Elle se sentait vulnérable, un profond sentiment d'insécurité était venu se nicher au creux de son être. Rebecca lâcha quelques sanglots, avant de se reprendre. Sa peau brûlée avait rougi tant la chaleur embrasait son épiderme. Mais la douleur n'était pas suffisante, elle avait besoin de ressentir la réelle souffrance. Elle lâcha le pommeau et ferma les yeux. Subitement prise d'un accès de rage, elle enlaça son corps de ses bras avec violence et se griffa le dos avec déchaînement. Ses ongles laissaient des traces ensanglantées sur son échine. Enfin, éreintée, elle s'écroula sur la faïence, ne manquant pas de se cogner la tête contre le mur. La tête lui tournait, et elle se sentait défaillir. Ses paupières clignotèrent à fur et à mesure que sa vue se brouillait. Enfin, elle sombra.


Rebecca passa le seuil de la porte de sa chambre, et s'assit sur l'immense lit situé au centre de la pièce. Elle jeta un regard circulaire et ses yeux se posèrent sur une curieuse boîte posée en haut de l'armoire. Elle se leva, se mit sur la pointe des pieds, saisit le mystérieux coffret et s'agenouilla sur le sol. Intriguée, elle souleva le couvercle et considéra le contenu de la boîte, dubitative. Une paire de gants en velours sanguinolents se nichaient royalement à l'intérieur. Surprise, elle les extirpa du coffre et les contempla un instant. Oui, elle était simplement surprise. Rien ne pouvait étonner la jeune femme. Cela dit, elle ne comprenait pas ce que ces gants faisaient là. Étaient-ils au moins à elle ? Rebecca était loin d'être curieuse mais elle aurait été ravie de savoir pourquoi ils se trouvaient das cet état-là...